Coluche président…
L’idée de se
présenter :
En 1980, Coluche annonce qu’il souhaite se retirer de la scène pour vivre en
famille sur une île, mais il accepte néanmoins la proposition que lui fait
RMC, d’animer une émission de radio. Celle-ci connaît un véritable succès
mais Coluche sera remercié au bout de trois semaines, car jugé trop vulgaire
par le prince Régnier.
Coluche est plutôt mécontent de s’être fait ainsi « censurer ».
C’est là que sont ami Romain Goupil lui suggère de se présenter aux élections
présidentielles de 1981, puisque lors de ses interventions télévisées et
radios en tant que candidat, il pourra dire tout ce qu’il souhaite sans être
jamais coupé. Coluche aime l’idée et décide de se présenter à ces élections
et nomme Romain Goupil comme associé et son ami Jean Michel Vaguelsky secrétaire.
L’annonce de sa candidature :
Coluche souhaite annoncer à la presse sa candidature il se prépare avec ses
associés aux questions des journalistes et trouve la salle où il va tous les réunir.
Ce sera au Gymnase, salle dans laquelle Coluche joue ses spectacles et qu’il
remplit chaque jour.
Lors de cette conférence de presse Coluche se présente comme « le
candidat de ceux qui ne sont pas représentés par la politique ».En
sortant un journaliste déclarera : « Depuis De Gaulle, c’est la
première fois qu’on se marre à une conférence de presse ! ».
Cette annonce fait la une de tous les journaux elle est considérée comme un
farce et fait beaucoup rire.
Les sondages
:
Le 14 décembre 1980 à la stupéfaction générale, les sondages donnent à
Coluche 16% d’intentions de votes. La plaisanterie est alors prise au sérieux
et Coluche aussi s’y prend. Il devient alors un concurrent sérieux de Giscard
et Mitterrand dans la course à l’Élysée, mais surtout à Mitterrand puisque
les voix qu’il recueillerait seraient pour la plupart celles d’anciens électeurs
de la gauche, dans ce même sondage, Mitterrand obtiendrait 18% et Giscard 32%.
Mitterrand s’inquiète.
La réaction de Mitterrand :
Mitterrand demande à deux de ses hommes, Jean Glavany et Gérard Colé
d’entrer en contact avec Coluche, ce qu’ils font par téléphone tentant
d’établir un rendez-vous. Suite à cela Coluche se mettra sur écoute de façon
à enregistrer les éventuelles propositions véreuses.
Finalement, Jean Glavany et Gérard Colé se rendent au domicile de l’artiste
pour avoir cet entretien. Ceux–ci commence maladroitement en lui posant la
question : « Qu’est-ce que vous voulez ? » Coluche le
prend plutôt mal. Ils promettent qu’en échange du retrait de sa
candidature, Mitterrand défendra ses idées, mais Coluche les envoie balader,
il ne souhaite pas se retirer.
La censure :
Coluche souhaite alors prendre les voix de Giscard. Celui-ci devient alors sa
cible dans la plupart de ses sketchs. Bernard Rido, le conseiller de Giscard à
alors peur que Coluche ressorte le scandale des diamants de Bokassa et il met en
garde le président, pour lui la candidature de Coluche n’est plus une
plaisanterie, il faut le prendre au sérieux et le faire taire…
Les grandes chaînes de l’audiovisuel sont propriété de l’État, il est
donc facile de faire taire Coluche, il est alors censuré il n’est plus invité
dans aucune émission de télévision ni même à la radio.
Jacqueline Bodriet présidente de Radio France, un groupe de radios, fait
comprendre à Patrick Meyer le directeur de Radio 7 qu’il ne doit en aucun cas
inviter Coluche comme il avait prévu de le faire en novembre 1980. Patrick
Meyer, pour protester de cela donnera sa démission.
Lorsqu’en décembre, les 16% de Coluche dans les sondages font la une des
journaux, le 20 heure ne l’évoque même pas. Il est alors clair pour bon
nombre de personnes, qu’on cherche à faire taire Coluche. C’est l’avis
de Collaro qui décide d’inviter le comique dans son fameux « Collaro-Show ».
Il prépare une émission dans laquelle Coluche joue un sketch, c’est une
parodie d’un conseil des ministres dans lequel Coluche joue le rôle d’un président
alcoolique :
Jean Roucas imite la voix de Giscard et Coluche demande aux autres ministres ce
que c’est. Ils lui répondent qu’il s’agit de l’ancien président.
Coluche est alors étonné et dit qu’il croyait l’avoir fait censurer.
Coluche dans ce sketch règle ses comptes avec le président.
La direction de la chaîne va interdire le sketch Collaro proteste, mais l’émission
aura lieu sans lui.
La censure ne suffit plus :
Même censuré, Coluche obtient toujours plus de 10% dans les sondages.
Christian Bonnet alors ministre de l’intérieur n’aime pas du tout cela,
pour lui les élections n’ont rien d’une farce il suggère alors qu’il
faut en finir avec Coluche. C’est alors qu’il met la police du Groupe Dauvé
sur l’affaire, un groupe des Renseignements Généraux, réputé pour les méthodes
peu délicates de ses hommes d’extrême droite. Coluche va alors être espionné,
jours et nuits, ses proches vont êtres mis sur écoute pour en savoir le plus
possible sur sa vie privée de façon à le salir, des rapports sont fait au
ministre Bonnet. Le Groupe Dauvé va fouiller dans son passé, pour fournir son
dossier à la presse. C’est comme cela que le 27 décembre 1980 Coluche fera
la une de l’Express avec son dossier, dans sa jeunesse , il a été entendu pour vol. Quelques jours plus tard c’est dans le journal d’extrême droite
Minute qu’on le voit.
On parle à nouveau de Coluche à la télévision lorsqu’un de ses proches,
René Gorlain, est retrouvé assassiné avec deux balles derrière la tête.
Gorlain était un ancien collaborateur de Coluche, et le comique est entendu, il
est soupçonné d’avoir un rapport avec la mort de son ami, et Coluche à peur
pour lui maintenant.
Une semaine plus tard, l’affaire est classée, il s’agissait d’un crime
passionnel, mais Coluche n’en saura rien, on veut lui faire peur. Pour qu’il
ait encore plus peur, les R.G. lui enverront même une lettre anonyme faite à
partir de lettres découpées dans des journaux dont le texte fait peur :
« COLUCHE ATTENTION A LA MORT », puis il reçoit un coup de téléphone,
lui indiquant que sa passion pour les deux roues pourrait lui être fatale. Cela
n’amuse plus Coluche, le 6 avril 1981, il arrête tout, il ne sera pas
candidat.
Épilogue :
A l’annonce public de son retrait Coluche appellera à soutenir Mitterrand,
celui-ci sera élu le 10 mai 1981, sans doute un peu grâce à Coluche.
Les menaces et les pressions exercées
sur l’artiste n’auront finalement pas aidées Giscard qui n’obtiendra pas
son deuxième mandat.
Coluche aurait sans doute obtenu
les 500 signatures de maires, nécessaires pour pouvoir être candidat, mais les
partis politiques auraient fait pression pour ne pas qu’il les obtienne.
Mitterrand remerciera Coluche en aidant à faire passer une loi qui en 1985
l’aidera à fonder Les Restaurants Du Cœur, à savoir le fait de déduire des
impôts les dons fait aux œuvres de charités.
(D'après l'émission secrets d'actualité de M6)